Comme toute institution culturelle qui se respecte, le Musée des Civilisations du Cameroun à Dschang (MDC) a célébré la dix-huitième (18e) édition de la Journée Internationale de la Langue Maternelle (JILM).
« Vers des avenirs durables grâce à l’éducation multilingue. » Tel est le thème sous lequel l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO), a choisi de célébrer la dix-huitième (18e) édition de la Journée Internationale de la Langue Maternelle (JILM).
A cette circonstance, l’équipe du Musée des Civilisations à Dschang (MDC) a organisé une conférence, dans sa salle de réunions. Cette cérémonie publique a eu lieu mardi le 21 février 2017. Comme intervenants, le public présent a eu l’honneur de bénéficier du savoir de deux universitaires : Pr Jean Romain Kouesso et Dr Casimir Junior Egoué.
Ce thème est venu, très fortuitement, se superposer à l’actualité dominant le paysage sociopolitique national du moment. Et sans toute, nos langues maternelles sont une richesse patrimoniale, un socle d’épanouissement culturel et un outil d’intégration nationale à la fois.
Ainsi, en embrassant la gerbe de cultures issues de notre diversité linguistique, nous pouvons, de l’avis du Dr Egoué, « (…) arriver non seulement à faire du multilinguisme un des piliers de notre politique de développement économique, mais aussi social et environnemental… »
Comme parler d’éducation multilingue implique la manipulation d’au moins trois langues, et que tout enfant assimile mieux le savoir lorsqu’il lui est transmis à travers une langue qu’il maîtrise bien, pour y avoir grandi, les parents ont ainsi la possibilité d’amener leur progéniture à maîtriser plusieurs langues. Car, la langue maternelle est très souvent celle que l’enfant apprend en premier.
Selon le Pr Kouesso, le Gouvernement de la République du Cameroun a compris que, « (…) chacune de nos langues maternelles exprime la culture qu’elle véhicule. C’est pourquoi il a posé les fondements d’une éducation multilingue sur les plans politique, législatif, réglementaire, institutionnel, scientifique et pédagogique… »
Tirer profit de notre diversité culturelle, malgré les difficultés.
Pour illustrer son propos, il a présenté des dispositions de la loi d’orientation de l’éducation, aux niveaux primaire, secondaire et supérieur. Et dans certains de nos établissements scolaires pilotes, ces langues sont désormais enseignées à titre expérimental, à un niveau égal à celui des langues officielles, pour une meilleure réappropriation par les jeunes, des valeurs qui incarnent notre cohésion nationale.
De l’avis du Pr Kouesso, « (…) Il est important d’encourager la mise en œuvre d’une politique courageuse, qui tire profit de notre diversité culturelle, car le tapis n’est-il pas davantage beau quand il est coloré ?… » Pourtant, des difficultés faisant obstacle à la généralisation de cette initiative ne manquent cependant pas.
En bonne place on a : « (…) le traumatisme colonial qui a négativement impacté les esprits, sur le plan psycho-historique ; les pesanteurs pédagogiques, face au défi lié à l’enseignement de nos deux cent trente-neuf (239) langues nationales standardisées ; le manque de ressources humaines… ».
Comme défi à relever, l’Etat du Cameroun doit reformer les programmes scolaires et doter les enseignants des moyens suffisants, afin d’arriver à « (…) intégrer les diversités locales au cœur de l’unité recherchée au plan national… »
Roch Kenfack